Le Challenge

À cette époque, ma vie de travailleur autonome n’a pas été de tout repos.

D’abord, il y a eu beaucoup de tâtonnement. J’ai jonglé avec plusieurs idées de services, de produits et de rôles que je pouvais jouer auprès de mes clients. Certaines ont bien fonctionné, d’autres moins.

Après cinq années à vouloir concilier ma vie de famille (avec deux tout petits), ma vie d’entrepreneur et l’ambitieux projet de construire une maison écologique, je me suis retrouvé à la croisée des chemins…

En 2013, je me suis retrouvé franchement fauché et sans direction claire à prendre.

J’ai pensé abandonner l’idée de vivre de mes passions. J’ai pensé que je serais peut-être plus heureux avec un petit boulot tranquille. Je n’aurais plus autant de stress financier. Je n’aurais plus peur que mes projets échouent ou, alors, de me sentir jugé.

J’ai donc mis une pancarte à vendre devant la maison que je venais à peine de terminer et je m’apprêtais à me conformer aux attentes de mes proches et de mon conseiller financier.

À l’époque, j’habitais une petite municipalité à environ 1 heure de Montréal. Je m’y étais installé avec la mère de mes enfants pour me rapprocher de la nature.

Mais, comme dans plusieurs villes loin des grands centres en Occident, on se retrouve vite isolé en tant que minorité afrodescendante.

Pas beaucoup de gens qui me ressemblent et plusieurs préjugés à combattre pour se faire accepter à titre de citadin et d’homme noir.

Donc, déménagement, retour à Montréal, prêt à me conformer et à me faire embaucher pour me refaire une santé financière.

Je me suis finalement trouvé un poste de directeur général pour une organisation communautaire. Un projet plein de défis, mais aussi d’opportunités qui m’avait énormément stimulé au départ.

Malgré, un noyau de collègues dévoués autour de moi, j’ai rapidement été confronté aux réalités d’un poste de leadership en tant qu’afrodescendant.

• Refus de certains à accepter d’être sous l’autorité d’un Noir

• Commentaires et micro-agressions au quotidien, comme ; « vous vous exprimez bien en Français pour un Haïtien », « êtes-vous le concierge, parce qu’il faudrait nettoyer la salle de bain… »

• Devoir pratiquer le « code-switching » afin de naviguer les différents groupes de travail

• Devoir constamment prouver sa valeur et son expérience alors que c’est la raison même pour laquelle on a été embauché

Après trois années de ce régime — mais je pourrais dire six, sept ou mêmes huit années, parce que les facteurs de stress s’accumulaient depuis bien plus longtemps — eh bien, le matin où mon corps avait résolument décidé de ne plus collaborer est arrivé.

Alors, quoi faire quand on se sent perdu et divisé ?

Lorsqu’on ne sait plus très bien où nous en sommes.

Lorsqu’on doute du chemin à prendre et du sens à donner à un projet, à notre carrière, à notre vie ?

Eh bien, on va chercher de l’aide.

Moi, j’ai décidé d’entamer une démarche personnelle de coaching et de thérapie.

Malgré le stress et les pressions extérieures qui m’ont mené au « burnout », je sentais au plus profond de moi que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle n’étaient rien d’autre qu’un signal envoyé par mon inconscient.

Un signal m’indiquant que j’allais à l’encontre de mes convictions et de mon essence.

Bref, j’avais besoin de changement, d’authenticité et d’un mode de vie plus sain et durable.

J’ai pris l’engagement avec mon coach de vivre alignée avec mes souhaits et à ma nouvelle mission de vie, en agissant toujours en accord avec mes valeurs et mes limites.

Et j’ai résolument l’intention de donner le meilleur de moi-même tout en restant en harmonie avec mon essence.

Si je veux continuer à changer le monde, je dois d’abord m’occuper de moi.

Pour offrir le meilleur de soi-même, le premier cadeau à faire aux autres est son propre équilibre.

Il n’y a rien d’aussi motivant et gratifiant que de maitriser ses propres habiletés et de les mettre au service de la chose qu’on veut vraiment dans la vie.